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mardi 22 janvier 2013

Mes vœux pour 2013 et les années suivantes?


Voici ce qui me paraît vital pour les années à venir : il nous faut d’urgence apprendre individuellement et collectivement à assumer notre humanité.

Deux illusions ont marqué le siècle précédent : le projet révolutionnaire, qui n’a pas voulu ou pu tenir compte des passions humaines et qui, dans bien des cas, s’acheva de façon sanglante, et le projet de développement personnel, qui oublia l’importance décisive de l’environnement social, économique et politique. Certes, de part et d’autre, il y eut et il y a encore des réalisations effectives à porter à leur acquis : bon nombre de personnes furent sauvées du désespoir ou de l’autodestruction par la psychothérapie ou d’autres formes de cheminement intérieur et personnel. Les luttes collectives ont permis des libérations et l’ouverture d’horizons. Malgré tout, en ce début de XXIème siècle, il semble que des dangers nouveaux apparaissent, comme le terrorisme de masse, les tentations totalitaires et fondamentalistes, le règne du profit dans lois et l’épuisement des ressources naturelles. L’homme et la planète sont en danger.

Une guérison collective est nécessaire qui tiendrait compte à la fois du besoin de transformation personnelle et du besoin de transformation des structures sociales. Dans cette direction, mes nombreuses expériences de Thérapie Sociale en France et à l’étranger m’ont permis d’identifier trois défis principaux pour le siècle qui commence : former les personnes qui devront accompagner les processus de réconciliation et de guérison collective, éduquer à la vie démocratique pour faire face aux tentations totalitaires, transformer la violence et la folie qui font obstacle à une vie collective épanouissante.

La Thérapie Sociale répond, la plupart du temps, à des situations d’urgence, mais comment ne pas voir que ce que favorise ce travail, à savoir la créativité, la confiance en soi, l’autonomie et la gestion des conflits, fait partie aujourd’hui des objectifs qui doit se donner une démocratie faible, qui a besoin de se fortifier pour résister aux tentations du communautarisme, du tribalisme et d’une forme ou une autre de totalitarisme ?

En effet une démocratie faible, qui ne favorise pas le dialogue conflictuel et donne aux citoyens un sentiment d’impuissance, crée beaucoup de désordres, d’inégalités et d’injustices. Si les citoyens ne sont pas formés à la vie démocratique et en mesure de « savoir vivre ensemble », le danger est grand qu’ils aspirent à des solutions radicales et exclusives. Le totalitarisme n’est pas seulement un régime, il est aussi une attitude qui consiste à répondre aux souffrances vécues par la nostalgie d’une société parfaite, débarrassée du mal définitivement.

samedi 27 octobre 2012

Rdv le 1er décembre pour une conférence à l'Ile de la Réunion

Je parlerai le 1er décembre à la conférence TED de l'Ile de la Réunion, organisée par Yves Mathieu.
Les conférences TED (Technology Entertainment Design) ont été créées dans les années 80 à Monterey, en Californie, par un groupe de créatifs réunis en une ASBL. Leur idée : confronter en un jour des esprits brillants, innovants, créatifs, réaliser un bouillon d’idées neuves. On y entend aussi bien des politiciens (Clinton, Gore), des grands scientifiques que des artistes (Bono, Peter Gabriel). Chaque participant vient gratuitement et parle 18 minutes, ni plus ni moins, un temps calculé pour une écoute maximale. Il n’y a pas de débats mais des pauses pendant lesquelles les orateurs se mêlent au public.

Un monde de gentils et de méchants



Qui sont les gentils ? Qui sont les méchants ?  C’est en ces termes-là que la réalité du monde est simplifiée, voire même trop souvent ignorée. On dit qu’il y a des musulmans gentils- « la masse des musulmans qui vivent leur religion dans le calme et la sérénité »- et des musulmans méchants- les fondamentalistes, les radicaux et les terroristes. Les rebelles syriens sont des gentils qui combattent le méchant Assad et sa clique. Le gentil Assad défend son peuple contre les méchants rebelles, armés et financés par la CIA et le Mossad qui sont des méchants. Les banques sont méchantes qui veulent le malheur des peuples ou restent indifférentes à leur sort. L’ennui est que les gentils et les méchants ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Parfois même, ça se complique : le gentil Obama a succédé au méchant Bush et puis le gentil est devenu un méchant qui fait la guerre en Afghanistan ou plutôt c’est une gentille marionnette manipulée par des méchants de l’ombre. 
Mais comment décide-t-on qui est gentil et qui est méchant ? Ce n’est pas une pensée libre qui décide, qui accepte de ne pas juger quand elle ne sait pas vraiment, qui tient compte de la complexité du monde et de ses enjeux, mais une idéologie manichéenne, forgée très tôt dans l’enfance des individus, leur relation à l’autorité, les blessures narcissiques subies ou l’histoire collective de leur groupe d’appartenance. Les uns s’identifient aux faibles et aux victimes supposées et haïssent les puissants qui les manipuleraient comme ils ont été manipulés eux-mêmes  par leurs parents, en rejetant leur héritage social et en valorisant  systématiquement le dominé et l’opprimé, du moins tel à leurs yeux.. Les autres, maltraités par des parents autoritaires et violents, évacuent leur haine sur des boucs émissaires. Toutes ces blessures d’enfants maltraités, humiliés ou abandonnés, toutes  les blessures de l’humiliation et de l’échec collectifs, telles qu’elles s’expriment, par exemple, dans le monde arabo-musulman ou dans les banlieues françaises, créent des ressentiments, des frustrations et en conséquence une violence verbale qui s’exprime sur le mode accusatoire, complotiste ou victimisant. 

Bien sûr, journalistes, politiciens ou militants  n’utilisent pas les mots des enfants : gentils et méchants, mais ils ont leur propres codes qui disent en fait la même chose en décrivant des réalités angéliques ou diaboliques. De plus, l’imaginaire manichéen du monde intérieur  de chacun est manipulé par les propagandes  qui connaissent bien la séduction de cette division du monde entre le Bien et le Mal.

Ce n’est pas la connaissance de la réalité qui importe aux propagandistes et à leurs récepteurs mais l’émotion qu’on souhaite susciter ou que l’on ressent ainsi que le sentiment de sécurité qu’offre la certitude.

Pour les propagandistes, les coupables sont invariablement les mêmes, sans que soit posée la question des interactions entre les uns et les autres. En lisant leurs écrits ou leurs témoignages visuels, on sait déjà où se situent le bien et le mal, même si l’auteur n’est pas forcément expert sur le sujet. 

Les récepteurs des propagandistes choisissent leur camp et c’est ainsi qu’on peut prédire les opinions les plus extrêmes, même quand elles s’expriment uniquement dans le cercle des proches. Ainsi le geste d’un Andres Brevik comme celui d’un Mohammed Merah sont approuvés par une masse de gens beaucoup plus importante qu’on ne le dit. Même si le crime paraît abominable, l’intention est approuvée pour l’un par ceux qui se disent écrasés et dominés par les manigances des puissants, des juifs en particulier "qui ont tout alors qu’on a rien"  et pour l’autre par ceux qui observent avec colère  "les méfaits  d’une immigration musulmane qui ne respecte pas  les codes et les normes du pays d’accueil. " Ainsi, la pensée manichéenne se répand et divise en camps irréductibles. Ce qui est la condition nécessaire, mais espérons-le pas suffisante, pour de futures guerres civiles.


mercredi 24 octobre 2012

Interview pour la Cité de la Réussite


Débat à la Cité de la Réussite octobre 2012


Mon débat à la Cité de la Réussite à la SOrbonne dans le Grand Amphithéâtre avec Gilles Bernheim, Grand Rabbin de France, André Comte-Sponville, Patrick Pelloux et animé par Serge Moati