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mercredi 10 avril 2013

CAHUZAC ET MOI


L’affaire Cahuzac hante en ce moment les medias et l’opinion publique. Qu’en pense le citoyen et le psychothérapeute que je suis ? Quel est le point de vue de la Thérapie Sociale que je représente ?
Dans ce matin de printemps hivernal, les arbres que j’aperçois de ma fenêtre sont dénudés désespérément, comme engourdis par le froid. Quelques timides chants d’oiseaux tentent de nous faire croire que la belle saison est proche.
Mais que de désillusions dans le monde ! Le printemps arabe n’est plus. Le processus de paix au Moyen-Orient piétine. La guerre est à nos portes : l’Iran, la Corée, le Mali… Sans parler des conflits meurtriers et invisibles un peu partout en Afrique. Chez nous, le chômage, le chaos prévisible. Où en sommes-nous ? Il semblerait que nous vivions au bord d’un abîme, sans le percevoir réellement, nous aussi engourdis par le froid de ce printemps qui n’arrive pas.
Vers quoi, vers qui porter notre confiance ? Il semblerait que rien ni personne ne puisse générer l’espoir d’un avenir meilleur. La tentation est grande de se raccrocher à des mystiques exotiques ou d’essayer de la psychologie positive : ne pas regarder ce qui va mal, mais plutôt ce qui va bien.
Que m’apprend mon travail quotidien ? Que c’est au contraire l’acceptation de l’existence du Mal qui permet d’avancer, de progresser. Que nous ne sommes pas des êtres parfaits et toujours lumineux. Que nous ne sommes pas des saints ou des héros, vierges de toute violence, de toute compromission.
Le combat contre le Mal, qu’il se nomme corruption, cruauté, lâcheté, mensonge, trahison passe par la reconnaissance que nous ne sommes pas indemnes de ce Mal-là.
Le danger ultime serait de croire que nous ne sommes pas faits de ce bois humain qui brûle et peut porter l’incendie.
Alors Cahuzac ? Eh bien, Cahuzac, c’est moi. Et je ne dois jamais l’oublier. Si l’on m’offrait sur un plateau d’argent le Pouvoir, ce poison délicieux qui peut parfois s’accompagne d’une promesse d’impunité, que serai-je face à la tentation ? Je me dis que je ne dois jamais oublier à quel point je suis faible et faillible.
Bien sûr je ne dois pas oublier non plus ma force et mes vertus mais je sais que je ne pourrai participer à la création d’un monde meilleur pour mes enfants et descendants que si je reste en permanence conscient que je suis partie prenante du Bien et du mal, certainement pas innocent et toujours responsable de ce qui se fait en moi, avec moi et autour de moi.
L’affaire Cahuzac me rappelle à l’ordre. Je ne peux croire que seuls les puissants de ce monde risquent de perdre leur âme et de chuter dans les abimes de la dépravation morale. Je ne veux pas chercher refuge dans les haines vindicatives qui recherchent des boucs émissaires. Je dois continuer la route avec moi-même, mes proches et tous ceux qui me font l’honneur de me confier dans le secret des groupes ou de mon cabinet les abimes et les hauteurs de l’âme humaine dans une époque à la fois déroutante, inquiétante et fascinante.