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mardi 28 février 2012

Passage radio sur RFi le 3 avril 2012

Je suis l'invité de l'émission "Autour de la question" sur RFi (Radio France Internationale) le 3 avril 2012
cliquez sur l'image pour accéder au site de l'émission
 

Fin mars: Vertiefungsmodul de Thérapie Sociale à Bressanone-Brixen

J'anime un Vertiefungsmodul ( module d'approfondissement) de Thérapie Sociale du 23 au 27 mars à Bressanone-Brixen ( Sudtyrol-Alto Adige) Italie 
En langue allemande - In deutscher Sprache.
Informations/informationen

Départ demain pour Bujumbura. Conférence d'introduction pour la sortie du livre: " Dépasser la haine, construire la paix".


Actuellement, l'Initiative de Genève pour la paix dans les Grands Lacs soutient ses partenaires d'Eirene Suisse et de la COTMEC pour la publication du livre "Dépasser la haine, construire la paix. Témoignages de paix de la région des Grands Lacs".

«Dépasser la haine, construire la paix » est un livre courageux et nécessaire, destiné à faire connaître des témoignages de paix de la région des Grands Lacs africains. Le projet a été rêvé et conçu par un artisan de la réconciliation, Justin Kahamaile. Au coeur des drames de cette région, il a fondé l’Initiative de Genève pour la paix dans les Grands Lacs en rassemblant les acteurs de paix de tous bords et en les invitant à raconter leur action en faveur du vivre ensemble. Pari fou, pari tenu.

Deux créateurs suisses, la dramaturge Sandra Korol et le photographe Serge Boulaz, ont également fait le voyage dans les Grands Lacs. A partir des rencontres avec ces femmes et ces hommes, ils partagent, à leur tour, leur parole et leur vision de cette région ravagée et en reconstruction. Ces étincelles d’humanité apportent une réflexion de portée universelle sur l’émergence de la résistance et du pardon en temps de crise.
 
Je parlerai en introduction du colloque "Dépasser la haine, construire la paix : quelles pratiques pour la région des Grands Lacs ?", qui se tiendra à Bujumbura (Burundi) du 1er au 3 mars 2012.

Ce colloque rassemblera, en plus des membres de l’initiative, des témoins et des acteurs suisses du projet, des membres officiels des gouvernements de la région des Grands Lacs, des leaders intermédiaires, des personnes et des organisations de la société civile. Phénomène rare et ambitieux, le colloque rassemblera des ressortissants des trois pays et de toutes les communautés ethniques de la région. L'objectif est d'amorcer une dynamique de réflexion-action sur le sujet qui nous préoccupe. Le but de ce colloque est avant tout de rassembler et de mobiliser la population des Grands Lacs autour d'une thématique de réflexion commune, afin que ses ressortissants puissent se rendre comptent qu'ils peuvent être acteurs des dynamiques de stabilisation de leur région. Ceci permettra de parler et de faire parler de cette problématique difficile, de permettre aux gens de l'exprimer et de se l'approprier. Nous sommes ainsi au coeur de la promotion de la paix et de la démarche de l'initiative.

mercredi 22 février 2012

"La fraternité s'apprend", ma chronique de février dans Psychologies Magazine






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Mes prochaines conférences

  • 17 mars 2012: Les Amanins (Centre de Pierre Rabhi) 
  • 30 mars 2012: Bujumbura (Burundi)
  • 4 avril 2012: Grenoble- La Villeneuve
  • 19 avril 2012: Philadelphie (Etats-Unis)
  • 22 mai 2012: Lyon (Association des HLM Rhone-Alpes)  
  • 26 mai 2012: Saint-Denis (Ile de La Reunion)

mardi 21 février 2012

Colloque au Burundi du 1er au 3 mars 2012

Je parlerai en introduction du colloque "Dépasser la haine, construire la paix : quelles pratiques pour la région des Grands Lacs ?", qui se tiendra à Bujumbura (Burundi) du 1er au 3 mars 2012.

Ce colloque rassemblera, en plus des membres de l’initiative, des témoins et des acteurs suisses du projet, des membres officiels des gouvernements de la région des Grands Lacs, des leaders intermédiaires, des personnes et des organisations de la société civile. Phénomène rare et ambitieux, le colloque rassemblera des ressortissants des trois pays et de toutes les communautés ethniques de la région. L'objectif est d'amorcer une dynamique de réflexion-action sur le sujet qui nous préoccupe. Le but de ce colloque est avant tout de rassembler et de mobiliser la population des Grands Lacs autour d'une thématique de réflexion commune, afin que ses ressortissants puissent se rendre comptent qu'ils peuvent être acteurs des dynamiques de stabilisation de leur région. Ceci permettra de parler et de faire parler de cette problématique difficile, de permettre aux gens de l'exprimer et de se l'approprier. Nous sommes ainsi au coeur de la promotion de la paix et de la démarche de l'initiative.

"Parcours de psys"

Parution le 15 mars 2012 du livre  "Parcours de psys" de Anne Ricou et Laetitia de Kerchove, aux éditions Le Cavalier Bleu. Un chapitre m'y est consacré:

 

RÉSUMÉ DU LIVRE

Psychiatres, psychanalystes, psychologues, les psys sont partout. Psys, diminutif tombé dans le domaine public, il recouvre une réalité professionnelle dont on sait finalement peu de chose. Car c'est bien là le paradoxe. En une trentaine d'années, psychiatres, psychologues et psychanalystes sont sortis peu à peu du secret de leur consultation pour diffuser leur savoir. Poussé par la vogue du développement personnel, le discours psy s'est invité jusque dans nos salons par le biais des colonnes de magazines, des livres et de plateaux de télévision. Les psys sont aussi devenus des experts qui ont poussé la porte des tribunaux, des consultants en ressources humaines les grandes entreprises. De notre côté, nous nous sommes emparés avidement de leur vocabulaire, de leurs concepts, de leurs diagnostics que nous manipulons jusqu'à le vider de leur sens. Le revers de la vulgarisation, c'est bien sûr, la défiance et la suspicion. Les icônes sont faites pour être brisées: on tire à boulet rouge sur Freud, sur Lacan, sur Dolto… À travers eux, c'est la toute puissance du psy que l'on vise et la prédominance de la psychanalyse qui se voit aujourd'hui concurrencée par d'autres courants qui en savent tout autant sur nous. Mais au fait, nous, que savons au juste des psys? Savons-nous seulement faire la différence entre un psychiatre, un psychologue, un psychanalyste? Comment sont-ils formés et à quoi ? Dans quel domaine interviennent-ils? Autant de questions que les personnalités sollicitées pour cet ouvrage se proposent d'éclairer à travers leur récit de vie. Onze psys, au parcours parfois classique ou insolite, poussés sur le chemin de leur vocation par des blessures d'enfance pour certains, ou mus par un désir: explorer l'envers du décor de nos comportements, interroger les frontières de la maladie mentale. Entretiens avec : Christophe Dejours, Isabelle Filliozat, Gisèle George,Serge Hefez, Olivier Houdé, Daniel Marcelli, Marie Rose Moro, Robert Neuburger, Charles Rojzman, Jeanne Siaud-Facchin, Michael Stora.

mercredi 1 février 2012

La nécessité des vrais conflits face au "vivre-ensemblisme"


« De la même façon que je suis très réticent à l’idée de ce que j’appelle le « vivre-ensemblisme », je suis méfiant devant le dialogue parfois prôné comme une solution universelle aux problèmes de communication. Il y a là une sorte d’idolâtrie du dialogue liée à une idéologie contemporaine selon laquelle toutes les cultures, tous les groupes seraient à même de cohabiter harmonieusement, s’il n’y avait pas les « gens malintentionnés » voulant la guerre pour satisfaire d’obscures intérêts occultes. Il y a dans cette sorte de pacifisme comme un refus de voir les différences et les conflits qui opposent réellement les peuples et les individus, comme une difficulté à accepter que nous ne sommes pas seulement des êtres rationnels et de bonne foi et que nous pouvons être manipulés par nos passions et nos idéologies. 

Les limites du dialogue

Un exemple de ces dialogues qui font l’admiration des bien-pensants est celui qui rassemble des Palestiniens instruits, tolérants et laïcs, et des Israéliens trotskistes, gauchistes ou antisionistes. C’est également le cas de beaucoup de dialogues interconfessionnels qui réunissent les dignitaires des trois religions monothéistes. J’ai moi-même participé à une rencontre en Macédoine entre leaders religieux chrétiens orthodoxes et musulmans. A la table de conférence, on pouvait entendre de belles paroles ronflantes et si caractéristiques sur la tolérance et l’acceptation de l’autre. Or, en privé, j’ai personnellement entendu les pires horreurs émanant de ces mêmes personnes à l’endroit des représentants de l’autre culte. En aparté, des prêtres orthodoxes ne manquaient pas de s’en prendre à ces Albanais musulmans « tous menteurs, tous voleurs »…En fait, dans ce type de dialogue, l’objectif est de donner une bonne image de soi-même, de se présenter comme un être de raison, d’amour et de tolérance. Un véritable dialogue doit avoir été préparé pour créer les conditions de confiance qui rendront l’échange sincère.
Dans un dialogue véritable, on n’a pas peur d’être jugé, rejeté ou agressé. On peut se montrer tel que l’on est, on peut dire des choses difficiles et parfois blessantes, sans peur de la violence. On ne se contente pas d’accuser l’autre et l’on est aussi capable d’admettre ses propres responsabilités. On s’efforce de maintenir une relative autonomie vis-à –vis de son groupe d’appartenance et de l’idéologie de son milieu.
Pratiquer le dialogue pour le dialogue ne sert à rien. C’est un moyen, non une fin, pour atteindre un objectif qu’on a décidé en commun. Et dans un vrai dialogue, on a appris à ne pas esquiver les véritables conflits qui nous opposent. 

Les risques du vivre-ensemblisme

L’expression « vivre-ensemble » est employée à toutes les sauces depuis plusieurs années, comme si c’était une panacée, la solution miracle à tous nos problèmes. Il suffirait de vivre ensemble pour que par miracle tous nos problèmes disparaissent…Allons-y ! Un peu de volonté, de gentillesse, un doigt de communication, une pincée de dialogue, embrassons-nous et tout va rentrer dans l’ordre ! Essayons de nous comprendre, prenons-nous par la main ! Tout cela n’est qu’une illusion, une poudre aux yeux, et cache de véritables conflits, des intérêts bien pesés, des prises de pouvoir, des ambitions dissimulées. Parlons du réel, que diable ! 

Vivre ensemble ne se résume pas un slogan, à une injonction ou une admonestation, comme autrefois la petite main de SOS Racisme. Les conditions du vivre ensemble ne reposent pas sur une moralisation de la vie commune. Vivre ensemble, c’est le résultat d’efforts multipliés, d’expériences plus ou moins réussies pour surmonter des conflits, parfois des violences. Vivre ensemble, c’est faire société, et une société n’est pas uniquement composée d’individus de bonne volonté, rationnels, parfaitement sains mentalement, comme le suppose ce « vivre-ensemblisme » de bonne compagnie. Vivre ensemble, c’est faire société avec les gens comme ils sont, inégaux, apeurés, angoissés, et aussi entreprenants, rêveurs, délinquants, un peu fous, névrosés. 

Bien sûr, nous devons combattre les idéologies sécuritaires, celles qui revendiquent la force contre le dialogue, la guerre contre les tentatives de paix, et nous indigner des discours de haine. Mais il nous paraît aujourd’hui tout aussi urgent de critiquer en parallèle les pacifistes naïfs qui croient toujours savoir, sans y regarder de près, où sont les victimes, encourageant ainsi la victimisation et contribuant à diffuser les préjugés et les haines. Nous baignons dans une illusion dévastatrice, celle fortement proclamée par l’Europe moderne : il devrait exister une paix définitive et universelle post-Auschwitz, et la voie vers cette paix – dont l’Europe serait l’illustre modèle – serait simplement empêchée par certains esprits chagrins, caractérisés par un nationalisme exclusivement de type occidental. L’antiracisme étant devenu, comme certains l’ont déjà souligné, la nouvelle pensée unique, il y a aujourd’hui une incapacité de désigner un mal qui soit extra-européen, arabe ou africain. Cette façon de penser « avec des œillères » entrave considérablement la résolution des problèmes car elle contribue à une distorsion de la réalité. 

Qu’est-ce que vivre ensemble ?

Dans l’acceptation courante, vivre ensemble suppose que les conflits ne doivent pas exister. Nous devons tous nous aimer ou du moins nous respecter avec nos différences. L’idée est belle et louable, mais elle omet un point essentiel : nous ne sommes pas seulement différents, nous sommes aussi en désaccord, nos avis divergent sur la manière de concevoir la vie en société, l’éducation, le civisme, la religion, le bien et le mal…Vivre sans conflits, cela signifierait taire ce que l’on pense ou désire au profit d’une entente pacifique. Cela signifierait accepter tout des autres, parfois au détriment de nos propres intérêts ou de nos propres convictions. Il s’agirait de tolérer tous les discours et tous les actes pour construire une société sans heurts. 
 
Ce projet est irréaliste et dangereux. Irréaliste parce que l’homme est un être de désirs et de convictions. Il donne du sens à sa vie en s’opposant, en développant des idées, en transformant son environnement, en influençant les autres. Il pense et agit. Le forcer à se taire et à tout accepter reviendrait à nier son existence. Personne si ce n’est en situation de dépression, ne peut se soumettre à une telle annihilation de soi. 

Mais ce projet est surtout dangereux. L’Histoire montre en effet, que, aussitôt appliquée cette vision du vivre ensemble, un bouc émissaire doit être désigné pour représenter le mal, celui qui empêche l’harmonie. Ce projet est celui de tous les totalitarismes, celui de Hitler, celui des islamistes intégristes aujourd’hui et, même sous une forme atténuée de certains bien-pensants de gauche, anti-américains, antisionistes, antiracistes. Dans tous les cas, le mal est ailleurs et la paix n’adviendra  enfin que si l’on se débarrasse de ce mal. J’étais un enfant juif, j’étais le mal sans avoir commencé ma vie. J’aurais pu être un enfant musulman de Srebrenica, un enfant tutsi du Rwanda ou un enfant noir du Darfour et connaître le sort qu’on leur a réservé…Beaucoup d’hommes et de femmes convaincus d’un vivre ensemble de ce type se sont parfois transformés en démons humains. Ils ont livré leur raison en pâture à l’idéologie extrême et à la folie meurtrière. Cette vision  du vivre ensemble n’a rien d’un thème pacifique ; la destruction et la pathologie sociale sont toujours susceptibles de resurgir à travers elle. Il faut construire une vision nouvelle du vivre ensemble, une vision humaine acceptant et prenant en compte chaque homme, naturellement frère d’humanité. Accepter chaque homme, cela signifie accepter de vivre en permanence avec les conflits pour nous préserver de la violence. Ce n’est pas une prescription angélique, c’est une condition de survie, un garde-fou contre les folies collectives. "

Ce texte est tiré de mon livre « Sortir de la violence par le conflit », paru aux éditions La Découverte, en 2008. Plus d’infos sur le livre ici