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vendredi 29 avril 2011

Citation du jour...

« Le véritable ennemi, c’est l’esprit réduit à l’état de gramophone, et cela reste vrai que l’on soit d’accord ou non avec le disque qui passe à un certain moment »

George Orwell

mercredi 27 avril 2011

Avril au Rwanda



.................................. Le lac Kivu: un paradis tout près de l'enfer



Ces derniers jours, j'étais au Rwanda, pour continuer le travail entrepris l'année dernière...

Tous les mois d'Avril, pendant une semaine entière les rwandais commémorent le génocide des Tutsis. Ce souvenir est tellement vivace encore aujourd'hui que cette semaine nationale de deuil officiel est aussi une période où les rescapés et les bourreaux également "craquent"
: cauchemars à répétition, crises de nerfs, évanouissements, dépressions muettes...

C'est juste après le "mémorial" que je suis venu m'entretenir avec mes amis de l'association AMI et le professeur Isaïe Nyazenema qui crée avec d'autres collègues de l'université de Butare une nouvelle université dite des "Sources du Nil" qui a l'ambition d'apporter de l'innovation intellectuelle et pratique à ce pays qui a besoin de se relever de ses traumatismes et d'aborder le siècle avec courage et force. Chacun ici s'accorde à dire que le développement de ce petit pays qui veut devenir un "petit dragon" de l'Afrique de l'est en partenariat avec ses voisins ne pourra se faire sans le développement humain et la prévention des violences collectives.

La Thérapie Sociale dont une des spécificités est justement le travail en profondeur sur les haines et les violences leur semble très adaptée à cette nouvelle réalité. Une évaluation des premières formations a été réalisée par un groupe de sociologues et psychologues rwandais dirigé par Monsieur Simon Gasibirige. Elle met l'accent sur l'importance de cette approche dans une société malade (comme beaucoup d'autres en Afrique et ailleurs) et elle insiste sur la nécessité de former des leaders rwandais sur une grande échelle. Mon voyage avait pour but d'étudier avec ces partenaires les possibilités et les ressources nécessaires.


Cette photo date de janvier, période durant laquelle je suis retourné au Rwanda pour superviser les personnes que j'avais formées l'année précédente. C'est ainsi que j'ai accompagné Médiatrice (la bien nommée: c'est son vrai prénom, assez courant ici) dans plusieurs villages, où elle réunit pendant une matinée par mois les rescapés et les bourreaux sortis de prison après l'aveu de leur crimes (pendant des tribunaux populaires appelés "Gachaca" sur le modèle de ce qui s'est fait en Afrique du Sud après l'Apartheid).

Bourreaux et rescapés appartiennent aux mêmes communautés et vivent en voisins désormais dans les mêmes villages. Après les récits des souffrances vécus par les uns et les autres, on passe à l'expression des responsabilités, l'objectif de ce travail de Thérapie Sociale étant bien sûr la réconciliation mais aussi l'indemnisation pour les biens pillés pendant la période du génocide. Partage, écoute, pleurs, joie enfin d'être ensemble et projets communs de coopérative agricole, d'assistance mutuelle… Les plus émouvants sont les vieilles femmes qui ont tout perdu, mari, enfants, petits-enfants et qui prennent la main en pleurant des bourreaux qui pleurent aussi avec elles. Tout cela peut sembler au mieux miraculeux, au pire incroyable, mais c'est ce que j'ai vécu à chaque fois, dans plusieurs villages.

A suivre…

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lundi 11 avril 2011

Pourquoi ce blog?

L’identité nationale, la sécurité, la montée des extrémismes de tous bords, les révolutions arabes, la laïcité, la place des religions…

Sur toutes ces questions et de nombreuses autres, celles qui agitent les sociétés, je lis et j’entends beaucoup de points de vue très opposés et la plupart du temps, manichéens. 

Je vois trop, et partout, les conséquences de ces discours et de ces modes de pensée sur les citoyens : sentiment d’impuissance, violences, diabolisation de l’autre, cloisonnement et séparations des milieux, haines réciproques, nihilismes, dépression, solitude et égoïsme social… Les uns pensent qu’on parle trop de ces sujets et qu’on ferait mieux de parler de la paupérisation et du chômage ; les autres pensent qu’on n ‘en parle pas assez et qu’on nous cache l’ampleur du désastre.

Politiquement et pour la santé, la vitalité, d’un système qui se veut démocratique, il nous faut commencer ce travail de réappropriation du réel. Un travail qui consiste à distinguer les fantasmes et les idéologies de la réalité. 

Je ne possède pas la « vérité » et ne prétends pas asséner ma propre vision de cette réalité. En revanche, j’ai acquis une certaine connaissance de celle-ci, de sa complexité et des nombreuses vérités qui la constituent et qui sont trop souvent ignorées, peu écoutées ou encore, masquées. 

Comment l’ai-je acquis ? Comment puis-je prétendre en savoir un peu plus sur cette réalité ? Comment puis-je penser que l’acquisition d’une vision plus « juste », pour ne pas dire plus « réelle » de la réalité est à la portée de tous ? Comment puis-je penser également que c’est à partir de ce nouveau « regard » que nous pourrons commencer à lutter vraiment contre les violences, le sentiment d’impuissance et la dépression sociale ?
Depuis vingt ans, je pratique ce que j’ai appelé une « Thérapie Sociale ». A travers ce travail et ces nombreuses expériences en France et dans de nombreux pays, j’ai « appris » la réalité et aidé toutes ces personnes paralysées ou violentées par des peurs, des violences ou des désespérances à se réapproprier également leur réalité, hors des fantasmes, des idéologies simplificatrices et des masques personnels et sociaux. Ensemble, nous avons fait circuler l’information pour faire émerger une certaine puissance politique et une intelligence collective. 

Alors, oui, j’ai des choses à dire sur ces nombreux sujets. J’ai une pensée à transmettre,  soutenu par toutes ces paroles anonymes, ces paroles qui au cours d’un lent processus deviennent  un peu plus « vraies » et racontent sans masques et en toute réalité, le monde d’aujourd’hui. 

Et puis, je veux inverser la tendance…Une tendance à l’impuissance ou en tout cas au sentiment d’impuissance des citoyens qui ont perdu confiance dans leurs élites intellectuelles et politiques.  L’enjeu pour moi est que nous puissions tous sortir de cette impuissance pour devenir des citoyens actifs et conscients.
Je suis avant toute chose un citoyen passionné par la chose publique et je souhaite une meilleure évolution de la vie démocratique qui saurait inclure les débats, les conflits et l’éclairage des points de vue antagonistes. 

Soyez les bienvenus ici !


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