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lundi 13 mai 2013

Formation en septembre à Paris

Nouvelle introduction de Thérapie Sociale que nous proposons à Paris du 25 au 29 septembre 2013.

Information sur cette formation courte ici: http://www.institut-charlesrojzman.com/introductions_552.htm

Formulaire d'inscription à télécharger là: http://www.institut-charlesrojzman.com/Files/formulaire_inscription_introduction_paris_septembre_2013.pdf

mercredi 1 mai 2013

"Vu d'ailleurs", ma chronique de mai dans Psychologies Magazine


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Le retour à l'intime



En ce temps de crise morale et économique, la tentation est grande de se retirer dans l’intime. C’est que fait notre gouvernement en faisant passer en force une des promesses du candidat devenu Président, le « mariage pour tous » , ayant peut-être ouï dire par ses communicants qu’il avait là une clientèle. Grave erreur de stratégie ou communication habile à récupérer les voies électorales enfuies, l’avenir prochain le dira.

En attendant la question reste posée. Déçus par la politique, ses promesses et ses mensonges, nos contemporains se réfugient dans la sphère privée, là ou au moins ils ont l’impression d’avoir du pouvoir : la possibilité de se changer soi-même pour un meilleur-être ou de changer les autres par de meilleures relations amicales, conjugales, familiales ou professionnelles. Ils se tournent vers la psychologie ou la spiritualité, espérant trouver ce bonheur et ce bien-être si peu présents dans la vie sociale.

Hélas, vie personnelle et vie sociale ne font qu’un en réalité. La crise emporte avec elle les emplois, les carrières, les épargnes bientôt, sauf pour une minorité de privilégiés.

Les démarches de développement personnel inspirées par la psychologie humaniste sont nées dans les années cinquante et soixante aux Etats-Unis et les années soixante dix en Europe, dans une période de plein emploi et où l’espoir d’un monde meilleur était vivace dans toutes les couches de la population.
Il n’en est plus de même aujourd’hui mais ne restons-nous pas un peu nostalgiques de cette période ?

Aujourd’hui, ce que nous entendons dans nos groupes de Thérapie Sociale, c’est une angoisse de l’avenir qui ne parvient pas à trouver de véritable réponse individuelle. La vie psychologique comme le disait déjà Freud est intimement liée à la vie sociale et politique. Ce qui signifie que l’individu ne peut « guérir » sans interroger sa relation au monde et aussi que la transformation de la vie sociale et politique ne peut se faire sans une prise en compte de l’état psychique des membres de la collectivité.

Prisonniers de leur discipline respective, psychologues et politiques n’ont-ils pas tendance à l’oublier trop souvent ?
 
(article rédigé avec Nicole Rothenbühler)

Le mur des cons du syndicat de la magistrature



Les cons, ce sont les autres, ceux dont les idées ne nous plaisent pas et que dans les cas extrêmes, nous qualifions de « nauséabondes » pour dire que ce sont des idées qui puent. A une époque, certains caricaturistes dessinaient Jean-Marie Le Pen avec une gueule ouverte d’où sortaient des mouches ou autres insectes issus d’un corps putride.

Bien sûr, ce qui est grave dans cette histoire c’est que ce mur des cons a été patiemment élaboré par des magistrats, censés être neutres et indépendants de tout pouvoir et non par des lycéens qui s’amusent à la récréation à caricaturer leurs profs ou leurs condisciples.

On peut s’interroger. Ces hommes et ces femmes ne sont pas plus fous et idiots que la majorité de nos concitoyens. Ils sont même très éduqués, ont réussi à passer des concours difficiles, exercent une profession socialement favorisée et ils ont une moralité certaine. Comment en arrivent-ils à avoir ces comportements de potaches ? Curieusement, on ne s’est pas souvent posé la question. Les condamnations ont abondé, y compris de la part de certains de leurs amis politiques, mais on ne s’est pas vraiment interrogé sur les causes de ce comportement.

Lorsque nous sommes avec un groupe et que nous observons des réactions de ce genre, des rires complices et moqueurs, des dessins griffonnés sur des papiers volants, nous ne nous disons jamais qu’il s’agit de réactions anodines mais nous essayons de comprendre ce qui se passe. Ce n’est jamais indifférent.

Il y a d’abord un esprit de clan. Certains magistrats peuvent ne pas être d’accord d’épingler ainsi sur ce « mur des cons » des photos de personnalités politiques ou de citoyens comme le père de cette jeune fille assassinée mais ils n’osent pas résister à l’ambiance du groupe, ils relativisent l’importance de l’acte, ils laissent faire. D’autres ont besoin de camper dans une idéologie qui ne supporte aucune contradiction et recherchent ainsi une cohérence intérieure. D’autres encore sont pris dans le jeu et réagissent comme des enfants pour soulager les diverses pressions qui s’exercent sur eux et dont ils se vengent.

Au delà des condamnations, il faut s’interroger : de tels comportements infantiles ne sont-ils pas le signe tangible d’une déconnection de la réalité qui affecte aujourd’hui une partie de nos élites politiques et médiatiques ?

Ils traduisent également l’état d’une démocratie dans lequel le débat conflictuel nécessaire est remplacé par la violence de l’invective, de l’insulte et de la caricature blessante. La violence ici, c’est le jugement asséné qui réduit l’autre, l’adversaire politique à sa bêtise, à sa connerie. Il n’y a pas de place pour le respect de l’adversaire qui ne partage pas nos idées mais qui néanmoins doit exister autant que nous dans une société démocratique. Il y a de la place seulement pour celui qui pense comme nous, qui a cette intelligence de penser comme nous.

Les magistrat du Syndicat de la Magistrature à leur façon témoigne de cette tragédie contemporaine : la violence qui est dans les têtes et qui préfigure peut-être des affrontement radicaux et sans merci.
 
( article rédigé avec Nicole Rothenbühler)

Après Boston


Tout juste après l’attentat de Boston, nous nous sommes retrouvés « en ligne » avec quelques-uns de nos étudiants de Temple University de Philadelphie.

Visiblement cet attentat survenu sur la ligne d’arrivée du marathon a réveillé chez uns d’autres traumatismes. Sans parler du 11 septembre 2001, l’attentat a ravivé la blessure de Newton, de cette fusillade commise par Adam Lanza et qui fit plusieurs dizaines de morts dans une école élémentaire.

Ces deux jeunes d’origine tchéchène étaient apparemment des jeunes bien sous tous rapports comme Adam Lanza. Ils n’étaient ni pauvres, ni victimes de racisme ou de discrimination mais au contraire « successful » selon les critères américains : sportifs, studieux…

En réalité, beaucoup de jeunes américains de toutes origines sont attirés par des thèses extrémistes, qu’ils soient blancs chrétiens ou musulmans et parfois peuvent passer à l’acte terroriste. Cet événement interprété en Europe comme un fait d’armes de l’Islam radical à la Al Quaida est vu par nos étudiants américains, noirs, blancs ou hispaniques comme le symptôme d’un dérèglement psychotique d’une partie de la jeunesse. Ces tueurs qui sont des « jeunes comme tout le monde, apparemment intégrés dans leurs communautés dévoilent les tensions en cours dans la société américaine. « Pourvu qu’ils ne soient pas musulmans » disait-on avant de découvrir qu’ils l’étaient. Et d’autres disaient : « Pourvu qu’ils ne soient pas des extrémistes de droite ».

Le tissu social se déchire, là-bas comme ici et les visions du monde et de la famille suscitent des combats fratricides au sein des nations dites civilisées. La France n’est pas épargnée en ce temps de crise et d’inquiétude morale.
 
(article rédigé avec Nicole Rothenbühler) 

Le mariage pour tous: pour tous vraiment?


Manifestations, violences, insultes. Deux camps irréductibles qui s’affrontent. Que nous disent ces violences extrêmes ?
Quelles sont les conséquences de telles oppositions pour notre vie collective ? Quelle vision de l’avenir nous donne ces déchirures de la société ?


Une fois de plus, nous constatons la division profonde de notre société coupée en deux sur un certain nombre de questions touchant à l’identité individuelle ou collective : la place de l’Islam, la laïcité, le rôle positif ou négatif de l’immigration, l’identité ou la préférence nationale… et bien évidemment le mariage pour tous et la filiation.

De notre point de vue, les partisans et les adversaires du mariage pour tous ont raison et tort tout à la fois.

Les partisans ont une vision positive des différences. Ils souhaitent une intégration harmonieuse de tous dans la société. Mais cette vision qui se veut pleine d’amour pour tous les êtres humains, quelle que soit leur orientation sexuelle cache une peur et une haine.


La peur, c’est la peur de l’exclusion. Aucun être humain ne devrait être exclu de l’amour universel qui est un idéal souhaitable. La haine, c’est la haine de l’ordre établi et de l’autorité qui s’impose aux individus.

Les adversaires du mariage pour tous ont une vision positive de l’ordre. Ils souhaitent la préservation d’un socle social stable et solide, presque éternel. Leur peur, c’est la peur du chaos et ils haïssent les différences qui peuvent menacer cet ordre.

Partisans et adversaires ont en commun leur désir de bâtir un monde qui permette le bonheur et l’épanouissement des êtres humains. Cependant, les deux visions du monde restent en contradiction et même dans une farouche opposition qui ne laisse pas de place au débat.

Les uns se battent pour préserver les fondements de la société qui existent. Les autres luttent pour faire bouger les limites qui restreignent la liberté des individus

En réalité, ces deux forces sont nécessaires pour faire société : toute société a besoin d’ une base solide et en même temps d’une possibilité pour les personnes et les groupes de changer et d’évoluer, de faire évoluer les lois pour s’adapter aux changements profonds des mœurs et des mentalités.

Mais parce que ces deux idéologies sont contaminées par la peur, leur vision de la réalité est partielle.

Ainsi ceux qui sont pour le mariage pour tous minimisent les bouleversements provoqués par un changement rapide. Le recul n’existe pas pour savoir ce qu’il en sera des relations et du devenir de l’éducation des enfants. Les adversaires, de leur côté exagèrent les bouleversements et les dangers générés par ces changements.

Une fois de plus, on constate que le débat démocratique n’existe pas vraiment et qu’une pensée manichéenne empêche d’aller au fond, dans une vision de la réalité qui respecte la complexité des problèmes et tienne compte de l’ensemble des besoins des êtres humains.
 
(article rédigé avec Nicole Rothenbühler)

Médiapart et nous: réflexions politico-thérapeutiques


 
A la suite de nos réflexions sur l’affaire Cahuzac, voici ce que nous inspire la toute nouvelle adulation du site Mediapart dirigé par Edwy Plenel (en quelques jours 10.000 abonnés supplémentaires).

En premier lieu, il faut reconnaître qu’il existe en nous le besoin de constater l’existence dans nos sociétés d’êtres humains et surtout de responsables politiques moins corrompus, moins « pourris que d’autres » et qui représentent des vertus que nous chérissons.

Il est certain qu’il existe des êtres humains plus moraux et vertueux que d’autres, mais pour découvrir ce qu’il en est réellement, nous avons besoin d’autre chose que de discours, aussi convaincants et sincères soient-ils.

Plus profondément et parfois inconsciemment, notre besoin est même de croire qu’il existe quelque chose qui serait le Bien absolu, opposé au Mal. Quand nous pensons appartenir à ce camp du Bien, nous avons besoin de croire qu’Edwy Plenel est plus indépendant que d’autres journalistes et Jean-Luc Mélenchon plus attaché au bien public que Nicolas Sarkozy.

Ne nous trompons pas : il ne s’agit pas, pour nous, d’affirmer que la poursuite du Bien n’est pas un objectif légitime. Nous sommes intimement convaincus qu’il est bon de se battre pour qu’il y ait plus de justice dans la société, pour que le peuple ait les mêmes droits que les élites, pour qu’il y ait moins de pauvres et de gens jetés à la rue. Nous sommes convaincus que ce combat est noble, légitime et nécessaire.

Mais en même temps nous observons que ce combat pour la justice souvent ne s’appuie pas toujours sur une connaissance de la réalité, obtenue grâce à un esprit critique toujours en éveil, mais sur une idéologie qui ne s’exprime que par un discours. Là est le danger. On ne peut pas ne pas être d’accord avec ce que dit cette idéologie : vivre dans un monde égalitaire sans discrimination d’aucune sorte, sans racisme ; vivre dans une Europe unie et fraternelle, dans un monde sans frontières, ni barrières, ni murs qui séparent les hommes. Un danger disons-nous, alors que rien n’est plus beau que cet idéal?

Une idéologie, comme nous l’entendons ici, n’est qu’une projection dans l’avenir de nos aspirations. Elle n’est que cela, si elle n’est pas accompagnée justement de l’esprit critique qui permet une vision de la complexité et de la totalité de la réalité.
Face à la complexité du monde, ayant du mal à comprendre les incohérences économiques, les manigances des financiers, la violence des guerres et même et de la vie collective, le citoyen d’aujourd’hui se sent impuissant.

Dès qu’on lui amène des preuves que le système politique est corrompu, que les puissants sont tous des « pourris », ce citoyen va avoir l’impression de comprendre un peu ce qui le dépasse. Il va être conforté dans un imaginaire complotiste qui reflète en réalité sa vision de l’autorité, qui reflète le sentiment qui nous habite tous que nous sommes des enfants innocents et victimes, manipulés par des adultes tout-puissants.

Ainsi, quand Mediapart s’attaque aux puissants, aux personnes en vues, les nombreuses personnes qui ont justement aujourd’hui cet imaginaire complotiste et qui ont besoin de se raccrocher à des vérités stables et définitives, vont penser que ce média-là qui leur apporte les preuves de la malfaisance des puissances est un média indépendant et objectif. Ils ne voient pas que cette critique est peu à peu devenue la Bien-pensance. Aujourd’hui en effet, s’attaquer à la finance mondialisée, aux riches, aux racistes ne mène personne en prison. Bien au contraire. Il faut voir le succès du petit ouvrage : « Indignez-vous » de Stéphane Hessel qui reflète si bien de telles aspirations.

Bien entendu, nous ne contestons la nécessité de la recherche de la vérité. Il est bien que l’on puisse avoir les preuves de la malfaisance de certains puissants mais il faut constater en même temps que cette recherche de preuves de malfaisance n’est dirigée que dans une unique direction.

En vérité, si l’on veut se donner la tâche de démasquer le Mal dans la société, alors il faut regarder de tous les côtés : regarder ce qui se passe dans les syndicats, les partis politiques d’extrême-gauche, les quartiers de banlieues, les entreprises, les églises, les familles, les médias indépendants eux-mêmes.

Il est évident que Mediapart n’a jamais l’idée de faire des enquêtes inquisitrices avec le même acharnement dans les familles, les quartiers, dans tous les endroits cachés de la société qui sont en réalité beaucoup plus soustraits à l’inquisition et à la recherche de preuves que les personnalités en vue, bien plus exposées.

En effet, contrairement à ce qu’on croit communément, il est plus facile d’enquêter sur des personnes exposées par leur train de vie. On est aidé par les copains de son propre bord, par des réseaux et on les moyens technologiques, informatiques ou autres, qui sont absolument nécessaires pour ce travail d’investigation. Et surtout on en a la motivation. On retrouve là le rôle de l’idéologie. Quand on appartient à un camp idéologique, et que l’on pense que le peuple est plus vertueux que les puissants, on ne va pas être très motivés pour aller chercher des preuves de malfaisance dans les prisons, les cités, chez les sans-papiers, les immigrés.

Mediapart se dit indépendant, mais en réalité ce média est indépendant par rapport à la presse qui est contrôlée par des capitaux appartenant au monde des dominants. Il n’est pas indépendant de ses préjugés et des propagandes.
Lorsqu’on critique les privilégiés d’un système, on s’adresse à des gens qui ont déjà ce parti-pris que seuls les puissants sont mauvais et corrompus. Comme cette critique conforte les points de vue ceux qui pensent que le Mal dans la société existe à cet endroit-là seulement ou principalement, le sens critique disparaît. A ce moment-là, on croit appartenir au camp du Bien et on risque de sombrer dans le manichéisme et le complotisme.

Encore une fois, nous ne disons pas que le combat pour la justice est vain mais nous tenons à répéter que sans esprit critique, sans une vision claire de la complexité des réalités sociales, il n’est pas possible de changer le monde.
On ne changera pas en profondeur une société inégalitaire et injuste, en passant de Louis XVI à Robespierre, du Tsar de Russie à Staline, de Sarkozy à Hollande et même de Hollande à Mélenchon.

La vraie révolution commence dans le cœur des hommes qui s’unissent pour combattre en regardant ce qu’ils sont réellement et ce qu’est le monde autour d’eux sans être manipulés par des propagandes, de quels que bords qu’elles proviennent.

(article rédigé avec Nicole Rothenbühler)

"Vu d'ailleurs", ma chronique de mai dans Psychologies magazine


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