En ce temps de crise morale et économique, la tentation est grande de se retirer dans l’intime. C’est que fait notre gouvernement en faisant passer en force une des promesses du candidat devenu Président, le « mariage pour tous » , ayant peut-être ouï dire par ses communicants qu’il avait là une clientèle. Grave erreur de stratégie ou communication habile à récupérer les voies électorales enfuies, l’avenir prochain le dira.
En attendant la question reste posée. Déçus par la politique, ses promesses et ses mensonges, nos contemporains se réfugient dans la sphère privée, là ou au moins ils ont l’impression d’avoir du pouvoir : la possibilité de se changer soi-même pour un meilleur-être ou de changer les autres par de meilleures relations amicales, conjugales, familiales ou professionnelles. Ils se tournent vers la psychologie ou la spiritualité, espérant trouver ce bonheur et ce bien-être si peu présents dans la vie sociale.
Hélas, vie personnelle et vie sociale ne font qu’un en réalité. La crise emporte avec elle les emplois, les carrières, les épargnes bientôt, sauf pour une minorité de privilégiés.
Les démarches de développement personnel inspirées par la psychologie humaniste sont nées dans les années cinquante et soixante aux Etats-Unis et les années soixante dix en Europe, dans une période de plein emploi et où l’espoir d’un monde meilleur était vivace dans toutes les couches de la population.
Il n’en est plus de même aujourd’hui mais ne restons-nous pas un peu nostalgiques de cette période ?
Aujourd’hui, ce que nous entendons dans nos groupes de Thérapie Sociale, c’est une angoisse de l’avenir qui ne parvient pas à trouver de véritable réponse individuelle. La vie psychologique comme le disait déjà Freud est intimement liée à la vie sociale et politique. Ce qui signifie que l’individu ne peut « guérir » sans interroger sa relation au monde et aussi que la transformation de la vie sociale et politique ne peut se faire sans une prise en compte de l’état psychique des membres de la collectivité.
Prisonniers de leur discipline respective, psychologues et politiques n’ont-ils pas tendance à l’oublier trop souvent ?
(article rédigé avec Nicole Rothenbühler)
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