On croit souvent que les êtres humains ont besoin, pour mieux vivre ensemble, d’apprendre à communiquer et à écouter.
Dans ce monde trop souvent régi par la technique, on veut nous apprendre des techniques de communication et d’écoute avec l’idée fallacieuse que ces techniques vont suffire à nous aider à dépasser les conflits et les malentendus si fréquents dans les familles et les organisations.
Mon expérience m’a montré qu’il s’agissait au pire d’une illusion, au mieux d’une solution superficielle à nos maux relationnels.
L’être humain est capable d’écoute et de communication. Ces qualités font partie de sa nature et elles existent en lui dès le plus jeune âge. Malheureusement, les blessures que nous infligent la vie familiale et la vie sociale créent en nous d’invisibles barrières à l’empathie et à la compassion.
Mais, certains diront que nous ne sommes pas tous des êtres blessés par la vie. Je constate le contraire partout où je vais, partout où je suis à l’écoute de la violence. Humiliations, abandons, culpabilisation, maltraitances, à des degrés divers évidemment, ont été notre lot dans notre famille et dans notre vie sociale. Nous avons appris à nous protéger de ces blessures en élevant à notre tour des barrières face aux autres, faites de masques, de silences ou d’agressions plus ou moins subtiles.
A la fin d’un atelier sur la violence et la coopération que j’ai animé à l’université de Dresde en Allemagne, les participants ont voulu partager à l’ensemble des étudiants réunis pour l’anniversaire de l’université un placard où était écrit : « Qui de nous n’a pas subi cette violence » ! Professeurs et étudiants, allemands, tchèques, lithuaniens, russes ont reconnu qu’ils avaient en commun cette expérience et cette difficulté à être en lien.
La violence subie et rendue à soi-même ou aux autres est le seul et véritable obstacle à la communication et à la compréhension empathique. Malheureusement, nous sommes rarement conscients de cette violence qui nous habite et de l’impact qu’elle a sur nos difficultés relationnelles.
L’écoute véritable dont nous avons besoin consisterait à la prise de conscience du caractère inséparable de nos blessures et des agressions , souvent subtiles et invisibles que nous faisons subir aux autres, en particulier aux proches que nous souhaitons aimer. La fraternité humaine, si indispensable dans cette période de crise que nous traversons, est à ce prix : nous devons comprendre les obstacles émotionnels qui empêchent un lien authentique avec les autres et favorisent au contraire, violences et conflits destructeurs.
Je suis bien d'accord.
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